Bénédiction de deux cloches - 14 mai 1921

Jusqu'à ce jour, l'église d'OCCAGNES n'avait qu'une seule cloche. Aussi, tandis que du haut des clochers avoisinants retentissaient des sons funèbres ou joyeux, selon les circonstances, elle, du sommet de sa belle tour, ne pouvait exprimer que du même son uniforme la joie et le deuil.

 

Cette monotonie attristait une pieuse chrétienne de l'endroit, Madame Leclerc, qui aurait voulu que des voix d'airain plus nombreuses appelassent les fidèles, par des chants variés, aux différentes cérémonies du culte.

 

Elle prit donc l'initiative d'offrir, à elle seule, une cloche de 700 kg et assuma tous les frais de son installation.

 

Ce grand acte de foi suggéra à Monsieur l'abbé Houël, curé de la paroisse, l'idée de solliciter d'autres générosités pour avoir une troisième cloche. Celle-ci fut immédiatement offerte par Mme Guillaumet, Mr et Mme Leguerney, Mr le Prince de Broglie et Mr Duguey-Lacroix.

 

Les deux nouvelles cloches ont été solennellement bénites le lundi de la Pentecôte par Monseigneur Bardel, assisté de Mr Lecomte, vicaire général des prêtres du canton d'Argentan et de MM. les curés de Bailleul, Montgaroult, Montabard, Rônay et Courteilles.

 

Toute la paroisse était manifestement en liesse. les habitants du bourg, spécialement, avec beaucoup d'entrain et une entente parfaite, avaient mis tout en oeuvre pour donner à la fête un éclat inusité.

 

Sur le parcours de Monseigneur, les rues et les routes étaient transformées en boulevards. Des guirlandes fleuries reliaient les maisons au-dessus de la voie et six arcs de triomphe célébraient la visite du premier pasteur du diocèse en même temps qu'ils faisaient allusion, par un emblème suggestif, à l'objet de la cérémonie.

 

Le plus curieux, à ce point de vue, était celui qui se dressait à l'entrée du chemin de l'église, sur le bord de la route d'Argentan à Falaise : trois cloches de grosseur naturelle et de forme impeccable, garnies à leur surface de feuilles de lierre et artistement tapissées de mousseline à l'intérieur, se balançaient avec leur battant enguirlandé, au dessous d'un immense portique.

 

A l'intersection de la route de Trun et de Montabard, sous un bel arc de triomphe portant ses armoiries, Monseigneur fut solennellement reçu par Mr le Maire, le conseil municipal, Mr le Prince de Broglie, le Clergé et complimenté par un groupe d'enfants portant d'énormes gerbes de fleurs.

 

Puis entouré de tous ces messieurs, Sa Grandeur se rendit à l'église au chant du "Benedictus" entrecoupé par les airs entrainants d'une fanfare argentanaise qui devait se faire entendre encore plusieurs fois dans le cours de l 'après-midi avec beaucoup de succès.

 

L'église était artistement parée et comme à la messe, l'assistance extrêmement dense qui se pressait dans son enceinte put admirer les beaux chants liturgiques et les cantiques exécutés du haut de la tribune par quelques chanteuses et cinq chantres remarquables qu'envieraient à Occagnes beaucoup de cathédrales.

 

L'orateur de la journée fut Mr l'Abbé Gautier, professeur au Petit Séminaire de Flers. Enfant de la paroisse, il était seul capable de saluer avec de tels accents de reconnaissance et de joie, la présence de l'évêque du diocèse et l'apparition des deux nouvelles baptisées.

 

Lorsque la cérémonie du baptême fut terminée, Mr le Curé prit à son tour la parole et fit à grands traits l'historique de sa paroisse : "Jadis centre important, maintenant réduit malgré l'adjonction de Cuy et de Pommainville, au rôle restreint d'une paroisse rurale, Occagnes est surtout digne d'attention par le bon esprit de ses habitants et l'union cordiale qui n'a cessé de régner parmi eux".

 

Monseigneur félicita Mr le curé de la belle ordonnance de sa fête ; les paroissiens, de leur esprit chrétien ; et il encouragea ceux-ci à se montrer toujours fidèlement attachés à leur foi et à leurs pratiques religieuses.

 

Après un  salut solennel du T.S. Sacrement, Monseigneur parcourut les rangs pressés des fidèles, bénissant les petits enfants et distribuant à tous des médailles.

 

Désormais, Occagnes pourra répéter avec allégresse ce refrain chanté le 16 mai :

 

O Saint beffroi, ton harmonie

Vient en vibrant toucher nos coeurs,

C'est du clocher, la voix bénie,

Ecoutons chanter les trois soeurs.

 

 

Source : Journal de l'Orne du 21 mai 1921.

 

La grosse cloche fut offerte par :

Médaline GOT (1844/1921) veuve d'Armand Hyacinthe LECLERC, épicière à Occagnes.

Elle porte le nom de Marie Médaline Fernande.

 

Parrain : Fernand HOUEL (1870/1953) curé d'Occagnes de 1920 à 1928.

Marraine : Médaline GOT.

 

La petite cloche fut offerte par :

Alix BISSON (1880/1963) veuve de Paul GUILLAUMET,

Benjamin LEGUERNEY (1882/1956) et son épouse Blanche DUGUEY (1891/1966).

Le Prince Georges de BROGLIE (1856/1942).

Mr Lacroix DUGUEY (1878/1957).

Elle porte le nom de Marie Denise Bernadette

 

Parrain : Bernard LEGUERNEY (1913/1995)

Marraine : Denise GUILLAUMET (1906/1996)

 

Le curé d'Occagnes : Fernand HOUEL (1870/1953)

L'orateur : l'Abbé Gautier (1881/1972)

Le Maire : Isidore OURY (1847/1932), ancien instituteur à Occagnes.

 

A noter  : une troisième cloche datant de 1847 se trouve dans le clocher.

 

 

 

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